La dame du Manoir de Wildfell Hall d’Anne Brontë est un roman de l’époque victorienne qui remet en cause les critères moraux qui régissaient. Considéré comme l’un des premiers romans féministes, on y suit l’histoire d’Helen, une femme directe qui sait ce qu’elle veut et qui ose s’adresser aux hommes comme une égale.
La première partie du roman est narrée par Gilbert Markham, fermier prospère, via des lettres qu’il adresse à l’un de ses amis. Il y raconte l’arrivée de la mystérieuse veuve Helen Graham, dans l’une des grandes propriétés voisines délabrée – Wildfell Hall. Cette veuve et son fils Arthur suscitent la curiosité des habitants, curiosité non partagée par Gilbert, qui s’intéresse d’avantage à Eliza Millward bien qu’il n’en soit pas amoureux. Réticente à l’idée de côtoyer les gens du village, Helen se laisse malgré tout introduire avec son fils au sein de ce petit groupe fermé. A contre-courant dans sa manière de voir les choses, elle n’est guerre bien vue par la communauté. Seul Gilbert, contre toutes attentes, apprécie sa compagnie. Il l’apprécie tellement qu’il en délaisse Eliza et passe de plus en plus de temps avec la jeune veuve. Leur rapprochement déclenche rapidement des rumeurs, bientôt colportées par tous au sujet d’Helen, ses mœurs et sa moralité. Si dans un premier temps Gilbert n’accorde aucune crédibilité à ces calomnies, tout change le soir où il avoue ses sentiments à Helen. Cette dernière confirme à demi-mots qu’ils sont partagés, mais ne peut céder. Elle lui donne rendez-vous le lendemain car elle a un aveu à lui faire. Ce dernier repart chez lui le cœur battant, mais décide de rebrousser chemin. C’est alors qu’il voit M. Lawrence, un voisin, s’introduire chez la jeune femme, et surprend un conversation intime entre les deux amis. Fou de jalousie, Gilbert s’en retourne chez lui le cœur lourd, et ira même jusqu’à blesser M. Lawrence quelques jours plus tard. Après un moment, Gilbert fini par se rendre chez Helen, surprise qu’il ne soit pas venu comme convenu, tous deux s’expliquent et elle le prie d’emporter son journal et de le lire.
La deuxième partie du roman est la narration à la première personne d’Helen. Elle couche dans son journal intime les évènements marquants de sa vie. Sous la tutelle de son oncle et de sa tante, la jeune fille refuse le soupirant que sa tante veut lui faire épouser. Elle tombe sous le charme d’Arthur Huntington. Rapidement, ils se marient et le couple s’installe à Grassdale. Si au début tout se passe pour le mieux, leur relation se dégrade rapidement. Huntington est un homme égoïste, gâté, et qui se laisse aller à toutes formes d’excès. Helen tente de le raisonner mais le temps passe, et les vices s’intensifient. La naissance de leur fils Arthur ne calme pas les ardeurs de son père, qui abandonne souvent l’enfant aux soins de sa père pour de longues périodes. Il se rend régulièrement en ville et revient ensuite en piteux état. Si Helen pouvait le supporter, tout change lorsque l’enfant a un peu grandit et que son père décide de l’entrainer dans ses vices, notamment celui de la boisson. Tandis que Huntington recevait ses amis, la conviction d’Helen fut d’autant plus renforcée en apprenant que son mari a une liaison avec Lady Lowborough, la femme d’un de leurs amis. Elle ne peut tolérer que cela se passe sous son propre toit et affronte Huntington. Désormais, elle lui s’occupera de leur fils et de la maison, mais il ne pourra plus compter sur son amour et son affection. Peu à peu, elle envisage de s’enfuir avec son fils et l’aide de sa bonne. Elle fait de sa passion de la peinture une source de revenue potentielle en peignant frénétiquement pour pouvoir ensuite revendre ses tableaux. Malheureusement pour elle, un soir, Huntington découvre son journal et par la même occasion, son plan de fuite. Il fait jeter son matériel et lui confisque son argent. Prisonnière, Helen doit remettre son projet à plus tard, mais elle finira quand même par partir avec l’aide de son frère, M. Lawrence.
Dans la troisième partie du roman, Gilbert connait toute l’histoire. Il s’en retourne chez elle pour lui rendre son journal, et n’insiste pas quand elle lui annonce ne pas pouvoir l’épouser car elle est toujours mariée et qu’il n’est pas question de sentiments entre eux. Il faut que le jeune homme cesse de lui rendre visite. Gilbert se rend ensuite chez M. Lawrence pour lui présenter ses excuses. Le temps s’écoule quant un beau jour, Gilbert apprend qu’Helen a quitté Wildfell Hall pour se rendre au chevet de son mari malade. Huntington finit par succomber. Durant un an, Gilbert n’a presque plus de nouvelles de sa chère Helen, jusqu’à ce qu’Eliza lui apprenne qu’elle doit se remarier. Ne pouvant rester dans l’ignorance, Gilbert se rend sur place et découvre que ce n’est pas Helen mais M. Lawrence qui se marrie. Décidé à revoir l’objet de son amour, il se rend à Grassdae où vit Helen avec sa tante et son fils suite au décès de son oncle. Il apprend en chemin qu’elle occupe désormais une position financière confortable et n’ose se présenter. Il reste à errer devant les grilles de la demeure, et le hasard aidant, il croise Helen et sa petite famille rentrant de promenade. La fin est heureuse puisqu’Helen et Gilbert se marient et écoulent des jours heureux ensemble.
N’ayant jamais rien lu des sœurs Brontë, j’avais un peu peur que cette lecture traîne en longueur mais il n’en fut rien. Si l’on regarde de près, il se passe finalement peu de choses dans ce roman, et pourtant, on assiste à l’évolution du mode de pensées des personnages et de leurs sentiments au fil du temps. On remarque comment un homme peut pousser une femme aimante à la déception jusqu’à ce qu’elle n’éprouve plus rien d’autre que de la haine. Une lecture plaisante d’un classique qui gagne à plus de notoriété.